Carnet de Venise

Venise, encore et toujours, ville musée, sans âme vivante que je retrouve (enfin) à l’Arsenal. Impolitesse généralisée des commerçants, mauvaise bouffe, vulgarité de certains touristes. Peu d’émotions, finalement, devant ces cohortes de marathoniens du tourisme poursuivant essoufflés le drapeau brandi par leur guide, si ce n’est dans la basilique, soudain, de manière impromptue, lorsque je découvre la chapelle aux défunts. Je pleure pendant près de dix minutes en pensant à mon père, pour qui je n’en avais pas versé une lors de son enterrement. Je m’éloigne de mes deux fils pour me recueillir à l’écart puis leur propose d’allumer une bougie. Nous en trouvons une, longue et effilée, en retrait. Le plus jeune des deux l’apporte et nous l’allumons ensemble en tenant la longue tige blanche tous les trois. Recueillement. Je me surprends à faire un « chut » impératif à un père qui vilipende à haute voix son fils en italien. Il s’excuse.